“Bach 6 Solo” : un divin spectacle
Dans La Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière, la violoniste Jennifer Koh enchaîne l’intégrale des trois paires de sonates et partitas composées entre 1713 et 1720 par le génial Jean-Sébastien Bach qui avait tout juste trente ans. Autour de la violoniste, Bob Wilson et Lucinda Childs ont dirigé de manière subtile quatre danseurs à l’écoute de cette musique qui vient du ciel. Une merveille.
“L’Everest des violonistes”
C’est ainsi que l’on surnomme cette série de partitions pour violon seul, qui exigent de chaque interprète non seulement une excellence de la technique, en raison de la difficulté extrême des positions de l’archet à cheval sur plusieurs cordes, mais aussi de son engagement personnel total dans le marathon hallucinant de ces variations harmoniques et rythmiques. C’est en admirant le jeu de Jennifer Koh que Robert Wilson lui a proposé le spectacle. Il fallait veiller à ne pas parasiter la musique, à ne pas surcharger la pureté du violon et la complexité harmonique de toutes les variations de ces dialogues avec Dieu.
Dialogue céleste
Jennifer Koh, casque de cheveux noirs de jais, robe noire toute simple, déroule la partitions des sonates et des partitas face au public, glissant au fur et à mesure autour du plateau octogonal et des huit côtés, en miroir de cette chapelle néoclassique en forme de croix grecque. En contrepoint de la présence irradiante de la violoniste, dont la musique emplit totalement l’espace, les quatre petites chapelles et les quatre nefs, quatre danseurs, en tunique immaculée et tenant une branche d’arbre toute fine, comme un archet, expérimentent l’immobilité et l’attention extrême. Leurs mouvements sont infimes, seuls leurs muscles frémissent. Soudain, en plein milieu de la Chaconne, la grande chorégraphe Lucinda Childs, parée de voiles blancs et comme venue d’un autre siècle, surgit, une corde à l’épaule, et traverse la scène. Un ange passe et l’on revoit son solo, en 1976, pour Enstein on the Beach de Philippe Glass au Festival d’Avignon. Le Festival d’Automne, aujourd’hui, poursuit ces correspondances avec un grand bonheur.
Hélène Kuttner
Articles liés
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...